Notre programme de promotion socio-culturelle a été lancé en 1982 afin de répondre à plusieurs demandes provenant des habitants des quartiers populaires. Conscients de leur exclusion du monde du travail et de la vie socio-culturelle, ces gens majoritairement d’origine étrangère, peu ou infra-scolarisés, souhaitent réagir et faire face aux inégalités sociales et culturelles dont ils sont victimes.

L’origine officielle de nos actions ISP se situe en 1991 quand Bruxelles Formation, l’ORBEM (aujourd'hui Actiris), la COCOF et le FSE ont reconnu nos modules d’alphabétisation.

Depuis quelques années, avec l’arrivée d’autres demandeurs d’asile, un nouveau public, hautement scolarisé, s’ajoute à celui que nous connaissions déjà. En 2005, des modules d’ISP en “français langue étrangère” sont mis sur pied.

Les stagiaires sont des demandeurs d’emploi, certains sont chômeurs indemnisés, beaucoup bénéficient d’une aide sociale. Ils se forment pour accroître leur chance dans le monde du travail. Ils s’orientent vers la recherche active d’emploi afin de ne plus rester allocataire social et entrer dans le marché de l’emploi avec tout ce que cela représente financièrement et culturellement.

Vu la faiblesse de connaissance du français de notre public, ces formations sont principalement orientées vers l’oral. Elles sont complétées par l’écriture, la lecture (et le calcul en alphabétisation) et par un volet “vie sociale”. Ce volet permet aux stagiaires de mieux comprendre pour enfin maîtriser l’environnement social, culturel, économique et juridique de la société dans laquelle ils évoluent. Les cours puisent l’essentiel de leurs thèmes et contenus dans le vécu socio-culturel et professionnel des stagiaires.

Voici actuellement, par année civile, les modules pour lesquels nous sommes conventionnés avec Actiris et Bruxelles Formation

    o deux modules d'alphabétisation (20 stagiaires chacun) de 400 h (apprentissage du français oral, lecture et écriture pour des personnes possédant au plus le CEB) ;
    o deux modules de Français Langue Etrangère (20 stagiaires chacun) de 320 h (apprentissage du français oral, lecture et écriture pour des personnes possédant au moins le CESI) ;

Alphabétisation

Plus concrètement, nos modules d'alphabétisation se divisent en plusieurs « matières» dont les objectifs sont :

Français oral:

Comprendre et pouvoir produire des énoncés simples, courts, avec un vocabulaire usuel dans des situations de communication fortement déterminée, liées au vécu du participant. Les thèmes issus de la vie quotidienne mettent un accent particulier sur le monde du travail.

Écriture:

Maîtriser la graphie des lettres en vue de reproduire des mots, utiliser l'espace graphique, écrire dans le sens de la lecture, recopier en cursive d'après modèle imprimé, écrire sans modèle des mots simples, connus, des chiffres.

Lecture:

Identifier la nature et la fonction des écrits de la vie quotidienne, reconnaître des mots signaux liés à l'environnement courant, se repérer dans l'espace graphique, repérer le fonctionnement du code écrit, développer la mémoire visuelle, l'attitude de recherche.

Calcul:

Maîtriser la terminologie de base liée aux comptages et aux quatre opérations, savoir utiliser ces quatre opérations dans la vie courante.

Vie sociale:

Mieux comprendre la société, les structures, instances et services afin d'avoir plus d'atouts en main pour une meilleure insertion sociale et professionnelle. Le module dans son ensemble vise à développer l'autonomie et la confiance en soi.

Les programmes des cours éducation permanente et ISP ont toujours eu une base commune. Les stagiaires ISP, pour une partie de leur horaire, se trouvaient dans les mêmes groupes que les apprenants de l'éducation permanente.

Peu à peu, nos moyens se sont développés, ce qui nous a permis à partir de l'année 2004-2005 de créer une classe spécifique pour les stagiaires ISP. Ceci dans le but d'axer encore plus spécifiquement leur apprentissage du français, dans toutes ses composantes (oral, lecture, écriture, calcul, vie sociale) vers le monde du travail.

Les modules ISP - Français Langue Etrangère

Les modules ISP - Français Langue Etrangère sont un peu différents. Ils s'adressent également à des  personnes qui sont au début de leur parcours d'insertion en Belgique mais qui ont bien souvent derrière eux, dans leur pays d'origine, un parcours de formation (enseignement secondaire, supérieur ou universitaire) et professionnel (expérience professionnelle dans des domaines nécessitant une qualification).

Le niveau scolaire des stagiaires influence fortement la formation. Pas tant au niveau du contenu du français oral car qu'on soit analphabète ou pas, ce qui compte c'est d'acquérir au plus vite un maximum de vocabulaire lié à la vie courante. L'influence de la scolarité se ressent plutôt dans le rythme et la vitesse d'apprentissage. Ce qui explique la durée plus courte des modules FLE (320 heures).

Les matières données sont essentiellement liées au français oral en vue d'acquérir un maximum d'autonomie. Les cours sont donc dispensés à partir de thèmes ayant trait à la vie courante des apprenants, centré autour du thème du travail.

Ici, lecture et écriture sont juste un complément des cours oraux. Les stagiaires maîtrisent ces mécanismes dans leur langue maternelle, pas besoin d'apprentissage mais plutôt une familiarisation avec un alphabet parfois méconnu (stagiaires arabophones, russophones, arméniens…)

Les cours sont complétés par un volet éducation permanente. Des séances d'information et de conscientisation sont organisées pour les adultes sur différents thèmes se rapportant à la vie sociale, économique, politique et culturelle. Ces séances attirent particulièrement leur attention sur leurs droits et devoirs en tant que citoyens et sont complétées par des visites à l'extérieur.

Depuis janvier 2005, les Ateliers du Soleil, en tant que partenaire d'Actiris, sont devenus membres du RPE : Réseau bruxellois des Plates-formes locales pour l'Emploi. Théoriquement, l'objectif souhaité du RPE est de rendre les partenariats plus efficaces et plus cohérents et donc d'améliorer le service aux chercheurs d'emploi et aux employeurs (accès à IBIS, base de donnée commune, site sécurisé…)

Ces opérations répondent à des règles de procédure, de méthodologie et de déontologie particulières que les partenaires adhérents doivent s'engager à respecter. C'est dans ce cadre que trois membres de l'équipe ont suivi une formation pour l'utilisation du réseau et sont devenus « conseillers RPE ».

Depuis 2005, nous utilisons le RPE. Il est vrai que ce système présente des avantages dans la coordination du travail des opérateurs, dans la visibilité du parcours du chercheur d'emploi mais, en tant qu'association, nous devons rester vigilants… Le réseau RPE, chapeauté par Actiris, nous pousse à accomplir de plus en plus d'actes administratifs. La moindre information concernant nos formations mais surtout les stagiaires doit être transmise à Actiris. Nous devons prendre garde à maintenir notre autonomie par rapport à cette instance, nous devons aussi être attentifs au respect de la vie privée de nos adhérents, à leur information au sujet des données auxquelles nous avons accès.

 
Visite d'Actiris par nos stagiaires

Nos stagiaires à la bourse d'emploi en 2005

   La chasse aux chômeurs

Le 15 mai 2008, Monsieur Yves Martens, du Collectif Solidarité contre les Exclusions a animé une séance d'information dans nos locaux par rapport au plan d'activation des chômeurs lancé en juillet 2004. Une vingtaine d'élèves des Ateliers du Soleil était présente. Impliquant la notion de passivité dans le chef des chômeurs, ce plan vise à pousser des personnes à des efforts de mobilisation souvent vains vu la situation du marché de l'emploi. C'est aux chômeurs qu'incombent désormais la charge de prouver leurs efforts. En outre, il a modifié la philosophie même de l'assurance-chômage, en vigueur en Belgique depuis 1945. En mettant l'accent sur la recherche active d'un emploi à tout prix, le dispositif actuel dédouane les employeurs et les pouvoirs publics de leurs responsabilités par rapport au manque d'emploi et culpabilise les chômeurs eux-mêmes. Chaque jour, dans le cadre de notre service social, nous constatons les effets psychologiques de ce plan désastreux. Les chômeurs fragilisés vivent les conditions imposées comme du harcèlement. Beaucoup se sentent écrasés par la pression du système économique. Le plan de contrôle renforcé des chômeurs ne respecte pas le rythme des personnes, il les culpabilise et aggrave leur sentiment d'échec et de dépendance. Face à cette situation, l'animation organisée le 15 mai avait pour objectif d'informer les chômeurs sur leurs droits et devoirs par rapport à ce plan. Elle a rencontré un franc succès. Beaucoup de questions ont été posées par rapport à des cas individuels ou d'ordre général. Une information claire est importante pour des personnes infrascolarisées qui ne maîtrisent pas le français et se sentent perdues dans un système flou.


Source: Journal du Collectif Solidarité contre l'Exclusion - n°61 - novembre 07 - mars 08

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