Le 15 mai 2008, Monsieur Yves Martens, du Collectif Solidarité contre les Exclusions a animé une séance d'information dans nos locaux par rapport au plan d'activation des chômeurs lancé en juillet 2004. Une vingtaine d'élèves des Ateliers du Soleil était présente.

Impliquant la notion de passivité dans le chef des chômeurs, ce plan vise à pousser des personnes à des efforts de mobilisation souvent vains vu la situation du marché de l'emploi. C'est aux chômeurs qu'incombent désormais la charge de prouver leurs efforts. En outre, il a modifié la philosophie même de l'assurance-chômage, en vigueur en Belgique depuis 1945. En mettant l'accent sur la recherche active d'un emploi à tout prix, le dispositif actuel dédouane les employeurs et les pouvoirs publics de leurs responsabilités par rapport au manque d'emploi et culpabilise les chômeurs eux-mêmes.

Chaque jour, dans le cadre de notre service social, nous constatons les effets psychologiques de ce plan désastreux. Les chômeurs fragilisés vivent les conditions imposées comme du harcèlement. Beaucoup se sentent écrasés par la pression du système économique. Le plan de contrôle renforcé des chômeurs ne respecte pas le rythme des personnes, il les culpabilise et aggrave leur sentiment d'échec et de dépendance.

Face à cette situation, l'animation organisée le 15 mai avait pour objectif d'informer les chômeurs sur leurs droits et devoirs par rapport à ce plan. Elle a rencontré un franc succès. Beaucoup de questions ont été posées par rapport à des cas individuels ou d'ordre général. Une information claire est importante pour des personnes infrascolarisées qui ne maîtrisent pas le français et se sentent perdues dans un système flou.

Source: Journal du Collectif Solidarité contre l'Exclusion - n°61 - novembre 07 - mars 08

Dans le cadre du quartier Nord-est, les Ateliers du Soleil appartiennent à une coordination sociale, lieu de rencontre des associations du quartier, des écoles, du CPAS...

Cette année 2007, la Coordination a eu comme projet d'organiser des débats afin de donner la possibilité aux citoyens de faire entendre leur voix auprès des autorités et en particulier, la Communauté Européenne qui a un impact important sur la vie du quartier.

Dans un premier temps, au cours du mois d'octobre, un court métrage a été réalisé, regroupant, entre autres, les témoignages de plusieurs de nos apprenants, dans des situations de logement difficiles.

Le 15 novembre, le débat a commencé par la projection de ce film en présence de nombreux représentants du quartier. Les invités étaient Carlo Luyckx du Bureau de Liaison Bruxelles-Europe; Willy Hélin de la Représentation en Belgique de la Commission Européenne; Yvan Mayeur, Président du CPAS de Bruxelles et coordinateur du Plan Logement; Nicolas Bernard, professeur aux Facultés universitaires Saint-Louis; Monsieur Henry Bernard de l'Association du Quartier Léopold et enfin, José Garcia du Syndicat des Locataires.

Malgré le caractère concret de la demande et des témoignages de la population défavorisée du quartier, peu de réponses ont été données. Les intervenants peu courageux ont détourné le débat de son sujet pourtant simple en créant des polémiques mesquines entre eux, en noyant le public dans un vocabulaire inaccessible ou en proposant des solutions paternalistes et caritatives.

Osant prendre la parole, une de nos élèves a demandé des solutions concrètes. Mais sans volonté politique, celles-ci ne resteront-elles pas lettres mortes?

Nous devons donc continuer à dénoncer les situations indécentes que vit notre public. Logements aux prix exorbitants, exigus, humides, sans chauffage, sans installation sanitaire, infestés de rats, de souris, insalubres... Familles que les administrations communales ne sont pas en mesure de reloger. Logements sociaux insuffisants. Exploitation de propriétaires peu scrupuleux. Marchands de sommeil. Détresse dans laquelle se trouvent des milliers d'hommes, des femmes, des enfants...

Le 14 novembre 2007, Alex, ancien élève des Ateliers du Soleil, et son ami Mohamed, tous deux sans-papiers, sont venus nous présenter le combat de l'Udep (Union pour la Défense des Sans-papiers) pour une réflexion avec une partie de notre public mixte, interculturel et intergénérationnel.
Malgré des moyens de plus en plus répressifs mis en oeuvre aux frontières de l'Europe, nombreuses sont les personnes qui continuent à prendre des risques pour l'atteindre, empruntant le chemin des ressources naturelles dont leurs pays se voient dépossédés sans fin.
Ainsi, 100 000 migrants irréguliers au moins vivent en Belgique. Un pour cent de la population de Belgique vit donc dans une situation de non-droit, confinant souvent à l'esclavage. Ce sont les Sans-papiers.
Le Gouvernement a une responsabilité à l'égard de cette communauté. C'est pour lui rappeler que l'Udep mène son combat de diverses manières: manifestations, conférences, grève de la faim. Son objectif est de lutter contre les expulsions, contre les centres fermés, contre les conditions de vie des centres ouverts... Mais le combat de l'Udep est aussi politique pour obtenir une régularisation équitable des Sans-papiers.
Enfin, l'Europe doit s'engager dans une réelle politique en faveur des pays en voie de développement, qui ait un impact direct sur les populations locales. C'est au travers d'échanges égalitaires entre le Nord et le Sud que se trouve la solution.

Le 31 octobre dernier, Dominique De Mees et Michèle Galler, bénévoles à Amnesty International sont venues nous présenter les conditions dans lesquelles vivent les Tibétains, en Chine et en Belgique. Une de nos apprenantes, tibétaine, était présente et a témoigné de son vécu auprès d'autres participants d'origines diverses.
Les "nonnes chantantes" formaient un groupe de quatorze femmes tibétaines emprisonnées pour avoir manifesté pour l'indépendance du Tibet, pays envahi par la Chine pour ses ressources naturelles. Elles sont devenues internationalement célèbres pour avoir fait sortir clandestinement de prison une cassette de chansons sur leur engagement envers le Tibet.
Une élève de notre centre a fait partie de ce groupe des "nonnes chantantes". Elle a purgé une peine de prison de 12 ans durant laquelle elle a été battue, torturée, isolée. Elle a ensuite fui la Chine en traversant l'Himalaya et a demandé l'asile politique en Belgique.
Parmi le public présent, certains kurdes ont fait le parallèle entre la situation des Tibétains et la leur. Les vécus de minorités ethniques opprimées sont souvent semblables...